MARRAKECH pour la 6ème nuit, le 22 novembre 2003

Saint Louis du Sénégal, le 3 décembre 2003

Enfin des news, mon début de voyage se passe trop bien !! Y a ambiance.

Je suis bel et bien parti le samedi 15, de la place de Poucharramet, avec un comité de départ de ouf, trompette, tambour, larmes et sourires, café et croissant, le tetop !!!!! A 9h30 je me lance sur la route, 500m plus loin je ne vois plus personne, ça y est je suis parti !!! ça envoie du steak, la 3ème voiture s’arrête et en avant la musique... Je suis le soir au sud de Madrid, bien roulé, je plante la tente à 1H du mat, sous la pluie, dans la cour d’un collège.

Dimanche, je perds de l’allure, je fais seulement 20 bornes, je dors derrière une station essence, tranquille, après avoir sauté un grillage pour m’isoler. Lundi et mardi, je me rattrape, j’arrive au sud de l’ Espagne tard dans la nuit de mardi. A Tarifa, là ou je prendrai le bateau demain pour Tanger, je dors pas loin d’un chantier, proche d’un cimetière et de cochons. Y a ambiance bien comme il faut, vite je m’endors !!!

4 jours pour faire l’ Espagne, j’avais pensé 3, mais bon, je suis en vacances....

Mercredi matin, je prends le bateau, je rencontre un portugais qui se rend à Marrakech, il me dépose à Casablanca dans la fin de l’après midi, je dois faire mon visa pour la Mauritanie ici. Accueilli par la famille d’un copain, je passe la nuit à Casa, dans une superbe villa, magnifique !! Jeudi matin j’ai mon visa. A 18H j’arrive à Marrakech avec un camion de poissons. Je retrouve le portugais qui m’héberge dans une super médina. Je profite de la ville le soir, place Jemaafna et tout le reste.

Hier soir, je suis au sud de Tiznit, sous Agadir. Dans un petit village, j’assiste à la fin d’un match de foot, et ensuite un marocain m’invite chez lui, je passe une super soirée, couscous et thé à fond. Aujourd’hui samedi je suis en route pour Laayoune, puis Dakhla. Je devrais passer en Mauritanie lundi, voir demain si je fais vite !!!!

J’ai pas encore eu le temps de pleurer, seul dans ma tente, je suis bien dans l’esprit du voyageur, ça se passe à merveille... Allez, je vais me lancer à nouveau sur la route et essayer d’attraper un camion ...

Tchuussss et à bientôt, peut être au Sénégal !! Si il y a un contact à Dakar de la part de quelqu’un, je suis fort preneur !! Je commence à voir du sable, les gens deviennent plus foncés et les mouches revivent !!!!!!!!!!!!!!
adrien



Cela fait 2 jours je suis à Saint Louis du Sénégal , au Sénégal....

Depuis Marrakech j’ai fini le Maroc en 3 jours, avec une nuit à dormir sous un banc, une autre en bord de mer dans un endroit paradisiaque.

J’ai rencontré pas mal de Français sur la route qui descendent sur la Mauritanie.

J’ai passé une semaine en Mauritanie, toujours hébergé chez des familles locales, à être nourri comme quatre, à bouffer du chameau à 10h le matin, à boire du thé, bouffer tout et n’importe quoi, passer une journée à comater par terre, le voyage des fois me fout à l’envers.

Ce qui à été terrible c’est de prendre le train de minerai de fer entre Nouadhibou et Choum, 400 bornes en pleine nuit, dans un wagon à ciel ouvert, enfoui sous mon sac de couchage et ma couverture de survie, du sable plein la figure. A 2H du matin le train s’arrête en plein désert, sous un ciel étoilé de dingue, au milieu de nulle part, nous croisons le train venant dans l’autre sens, chargé de minerai de fer et de bêtes, y a ambiance..… J’ai passé une journée extra aussi vers des oasis et des paysages de rêves, de la piste en pick up, grillades de poissons et tout le reste.

Cela se passe toujours à merveille, toujours en stop, je gère encore, est- ce que ça va durer?, le passage de la frontière à Rosso pour le Sénégal a été très folklo, assailli dans tous les sens, c’était pas évident, bonne galère, je me suis trouvé en début de brousse, à un poste douanier, à 8h du soir, finalement ce sont des Belges qui me transporteront jusqu’à st Louis, arrivé à minuit, je vais camper sur la plage, à 7H du mat je suis récupéré par des Sénégalais, je suis chez eux depuis 2 jours, au bord de la mer, je me pose un peu ici, ça fait vraiment du bien.

Difficile de trouver Internet qui marche comme il faut, ici ça peut aller, c’est pas toujours évident, mais je fais au mieux. Je vais devoir rejoindre la communauté des Bayfales, ils m’attendent pour manger des poissons grillés, façon sénégalaise.

Alors à très bientôt, je vais à Dakar d’ici 2 jours environ.

adrien







Extrait carnet de route du Maroc
le mercredi 19 novembre


C’est le 5ème jour. Le réveil est trop dur, je ne me lève du coup que vers 8h30, merde, je suis en vacances. Pour le bateau on verra bien, je ne suis même pas sûr de l’info. 9h30, tout est plié, je suis en forme, direction le centre ville puis le bateau. J’achète 2 paquets de Marlboro, ca peut toujours servir.

Yes, il y a un ferry à 11h30, je prends le billet, 2450 (un peu plus cher qu’à Algéciras en fait, 2 ou 3). Ici, le petit village est super sympa et il y a seulement 35 minutes de traversée. Il fait super beau sauf quand nous montons dans le bateau, nous nous prenons une grosse averse.
Aucun problème avec le passeport, je suis admis à passer au Maroc. 11h35, je quitte l’Espagne, la première étape de mon voyage est achevée. Cela aura fait 4 jours et 4 nuits en Espagne avec le dimanche de merde à ne faire que 20 bornes, le samedi de fou à faire Poucharramet-Madrid, le lundi rassurant et le mardi de dingue pour arriver à Tarifa à 1h du mat.

Dans le bateau, je discute avec un portugais qui descend cash sur Marrakech, il est avec le fils d’un ami. Je tchatche bien le coup et il OK pour me déposer à Casablanca sur sa route, c’est l’idéal, tout ce qu’il me fallait.

11h15 heure locale, nous arrivons à Tanger. Ca tâte tout, c’est trop facile. J’attends dans la soute que la grande porte s’ouvre et puis ca y est, je suis au Maroc. Je sors des douanes par le passage des piétons avec juste le contrôle du passeport que j’ai fait signé à bord du bateau et c’est tout bon. Ca se passe trop tranquillement, personne ne me saute dessus (trop facile). Je change des euros pour des dirhams et je me pose sur le bord de la route, je mange un morceau de chocolat.

J’attends l’Opel Vectra qui passe les douanes avec le portugais Luis et le jeune brésilien Casio. Ils doivent me poser à Casablanca. Les voilà, en avant la musique, ce sont des potes maintenant. Luis me file son numéro de téléphone à Marrakech et m’invite à passer chez lui quand je serai dans le coin, hop un point de chute. Nous passons 3 ou 4 heures ensemble dans la voiture. J’ai trop mal aux jambes, je dors un peu, on discute, on se dirige vers Casa la mer à coté, parfait. Ils m’amènent jusqu’aux portes du centre ville. Il est 15h30, me voilà tout seul paumé à Casablanca.

Que faire ? Je dois aller sur Internet pour connaître l’adresse où se fait le visa pour la Mauritanie. C’est pour cela que je suis venu là, Casa je m’en bats les œufs sinon. Ensuite, je dois m’y rendre mais je ne crois pas que ce sera pour aujourd’hui, je vais devoir passer la nuit par là. Je suis sur le boulevard MohamedV, beaucoup de monde, pas d’internet en vue, je décide de téléphoner à la famille de Saad, un pote marocain de promo que j’ai recroisé la veille de mon départ. Il m’a donné le numéro de sa famille ici et un semblant d’adresse, quartier Ain Diab. Je ne sais même pas s’ils sont au courant de mon éventuelle venue mais je me lance et téléphone au numéro. Je tombe sur le père de Saad et ils m’attendent. C’est la folie, ca tue sa mère.

Je suis au centre ville et je me renseigne pour y partir en bus, et vite car nous sommes en période de ramadan et dans une petite heure il n’y aura plus personne dans les rues. Je marche jusqu’au bout du boulevard MohamedV pour chercher les bus n°9. Gagné, je monte à bord d’un après avoir couru dans tous les sens, direction Ain Diab. Petite parenthèse : dans la rue je croise pas mal de marocaines bien gaulées mais bon je fais gaffe de na pas trop les mater. Je suis dans le bus, ca coûte 3 dhs (1 euro=10, 689 dhs), il y en a pour un petit ¼ d’heure, on s’éloigne du centre, on longe à présent la mer, les quartiers sont sympas.

Je descends à Ain Diab, je repasse un coup de fil et une minute plus tard une voiture arrive, 2 des 3 frères de Saad. J’arrive chez eux, truc de malade, une superbe villa, ca déchire tout, il y a les parents, les 3 frères et une bonne. Je suis accueilli comme un roi, j’ai presque envie de pleurer tellement c’est trop gentil. Ils me montrent ma chambre, la salle de bain. Il n’y a pas à dire, ce n’est pas une famille au pauvre, la bonne et la villa ca veut tout dire. Tiens, il y a une grand-mère qui apparaît. Ce sont les femmes qui font carrément tout, bouffe et service.

C’est en fait l’heure de casser le jeûne, il y a trop à manger, c’est génial : thé, soupe, beignets, galettes, gâteaux, fruits, poissons… Je n’en puis plus. Tous mange en regardant la télé avec TPS et tout le reste.

Je prends une super douche ensuite. Sur les coups de 21h, je pars en voiture avec un des frères de Saad pour faire un tour, boire un coup. J’y vais mais je suis mort de fatigue. Il a 29 ans, on récupère une amie, son amie ? puis un pote. Nous allons dans un bar-resto chic situé dans des contreforts. Ce n’est pas un truc de tarlouzes et je passe une super soirée. Nous rentrons vers minuit ou 1h. Nous mangeons encore une fois, j’explose, trop de bouffe avec entre autres du tagine. Puis, j’écris un peu et m’endors peut être vers 2h30. Je n’ai pas osé me mettre dans les draps et j’ai sorti le sac de couchage.





Extrait carnet de route de Mauritanie
le mercredi 26 novembre


La lumière est restée allumée toute la nuit et au petit matin une chèvre fait son caprice. C’est le 12ème jour, repos. Nous déjeunons du pain avec la boisson qui a un goût de maïs et du thé comme toujours (bien 6 fois dans la journée).

Je pars faire un tour avec Hawari et Mohamed, les 2 gars de la famille rencontrés dans le train, pour visiter le village. Il y a du sable partout et quelques maisons. Des wagons sont là, des réservoirs d’eau, des conduites, une station de maintenance de la voie ferrée, des vieux engins, des locos de service. Ils m’apprennent beaucoup de choses sur le train de minerai de fer. Les locomotives sont spécialement conçues pour ici, avec des centaines de systèmes de refroidissement, au tacquet de filtres contre le sable. Les gros moteurs diesels sont capables de tirer chacun 50 ou 60 wagons, chargés de 70 tonnes de minerai chacun. Depuis 1963, le train ne s’arrête pas et alimente sans cesse le port de Nouadhibou avec le minerai de Zouérat. Truc de malades.

Vers midi, on mange du riz au poisson. Il y a toujours le rituel de se laver les mains avant et après manger avec le petit arrosoir et la bassine. On mange à la main, j’arrive un peu à faire la boule avec le riz mais il y en a toujours beaucoup à coté.

Nous jouons à un jeu d’ici, le Sik. Une petite dune de sable est faite dans la pièce, les cailloux sont contre les brindilles. 8 baguettes avec un bout noir et l’autre blanc font office de dé. Toute la famille joue, pendant bien 2 heures, c’est excellent.

Je fais quelques photos, je joue avec les gosses, je prends une douche dans une case publique. Déjà tout petits, ils sautent partout. Je suis accroupi, un petit de 2 ans est débout sur mes épaules, les autres sont accrochés à mes jambes ou se mettent des baffes. Si on fait une connerie, le père fout une baffe monumentale au gosse, attention. Il y a aussi 2 petites jumelles de 1 an, on peut les trouver toutes seules dehors, dans le sable, le cul par terre.

Tout cela fait une super journée tranquille et ça me fait vraiment du bien. Une personne me demande « tu veux uriner ou aller aux selles ? », je lui réponds « pouah, j’vais pisser ! ».

Vers la fin de la journée, je me trouve dans une sorte de boutique avec de la musique mauritanienne, je danse un coup. Je retrouve un jeune avec qui j’avais parlé dans le wagon, il est sympa mais a la manière indienne à me toucher tout le temps, je m’énerve presque, mais bon, il m’offre un paquet de gâteaux. Il me filera aussi sa paire de gants pour mon voyage de nuit dans le train, gentil.

Le train pour Choum doit passer ici vers 17h mais il a du retard. Les infos sont faites par radio jusqu’ici, il passera vers 20h. C’est cool, ça me laisse encore du temps. C’est l’heure des dernières photos avec la famille, on rigole trop bien. Quand je finis de préparer mon sac, ils me font tous une chanson d’au revoir, je pleure presque.

Je quitte la tente avec Mohamed et Hawari pour rejoindre la voie ferrée car le train ne devrait pas tarder. On traverse le bout de village dans le noir et on reste positionné là où est censé être la fin du train, pour y monter à ce niveau. Y’a ambiance de fous !

Je suis assis sur le coté de la voie ferrée, sous les étoiles, avec 2 gars du désert, anorak et chèche sur la figure, les sacs bien bouclés, prêt à sauter dans un wagon. A plus de 20 kilomètres, une lumière approche, c’est lui. Il y a trop ambiance, je ne sais pas comment le décrire.

20h30, le train défile devant nous, l’arrière arrive et nous passe devant. Sacs sur le dos, la course commence pour rattraper les wagons. Je cours comme un dératé entre les rails, la distance entre le train et moi diminue, c’est bon, il s’est arrêté. 5 minutes après, je suis dans un wagon avec une vingtaine de personnes, des vélos, un lit, des sacs. Ca va être énorme.

A l’arrière du train, il y a un wagon de passagers dans lequel les gens sont assis, il faut acheter son ticket, sinon c’est dans les chariots. Il peut y avoir jusqu’à 250 chariots et le train peut dépasser les 2 kilomètres du long.

En fait le train n’est censé s’arrêter que 5 minutes, c’est pour cela qu’il ne faut pas chaumer. Cependant, nous quitterons Boû Lanouar qu’un peu avant 23h. Une petite loco de service arrive derrière le train, les 2 types à l’intérieur discutent et pensent que l’aiguillage est ouvert pour partir sur la gauche, et bien non, ils rentrent dans le dernier wagon, gros choc. Il n’y a heureusement pas de blessés mais le petit véhicule est bien endommagé. Ca fout un peu plus d’ambiance et cela explique déjà le retard.

Entre Nouadhibou et Zouérat, il existe des portions où le voie est dédoublée pour permettre aux 2 trains de se croiser, celui vide revenant à la mine et l’autre plein de minerai partant pour le port de Nouadhibou. Comme nous sommes en retard, il faut attendre pour partir, de manière à croiser le train venant de la mine à une autre portion dédoublée.

Le train part, on entend l’onde de choc arriver, un gros bruit de ferraille, puis « bam », c’est notre wagon qui est tiré, c’est fou. Quand la vitesse dépasse tant de kms/h, la poussière envahit le ciel au dessus de nous. Je me fourre sous mon sac de couchage, la couverture de survie par dessus, coincée au mieux pour ne pas qu’elle s’envole, des vélos sur mes jambes, mon gros sac sous la tête. Je suis bien caché de toute ouverture mais je sens déjà du sable sur mes lèvres. C’est du bruit de ferraille, des tonnes qui sont tirées dans le désert de Mauritanie.

Je ne peux pas dormir, je suis trop excité. Avant de quitter le famille, j’avais mangé du pain écrasé dans de l’eau et du sucre pour faire une pâte. Mais j’ai encore faim, je me tombe le paquet de gâteaux sous ma cabane de brics et de brocs. Je fais attention à ne pas me découvrir, défi.

3h du mat, nous sommes au kilomètre 220 ou 255, je ne sais plus. Le train est arrêté sur le dédoublement de la voie, je sors péniblement d’où je suis et je saute du wagon pour pisser. A quelques centaines de mètres en amont, la grosse lumière du train de Zouérat arrive à petite vitesse et se rapproche. Je remonte vite dans mon wagon et je vois défiler devant moi, dans l’obscurité, le train, minerai de fer chargé dans les wagons, des bêtes, 2 wagons de voitures. L’ambiance est indescriptible.

Aussitôt une grosse secousse se fait sentir, nous repartons.


Mails



22 novembre 2003

Marrakech



3 décembre 2003

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